lundi 28 janvier 2008

Jacques de Guénin, invité sur Bordeaux(2005)

« Oui, le libéralisme est social ». Jacques de Guénin qui a animé ce débat, a rappelé que les fondements de notre société sont d’inspiration libérale. La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen est libérale afin de protéger les individus contre l’Etat.
Trois thèmes ont été développés :
- la solidarité n’est pas la collectivisation des besoins.
- L’égalité n’est pas l’égalitarisme
- La nécessité de créer une nouvelle dynamique libérale.

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En terre girondine, il convient de rappeler que l’anti-libéralisme dont se gaussent les médias et d’autres idéologues « bien-pensant » est une aberration. Les libéraux sont généreux et prônent le sens de la responsabilité de chacun alors que les socialistes sont des prédateurs qui cultivent l’envie. C’est en ces termes que Jacques de Guénin, président du Cercle Frédéric Bastiat et membre du comité exécutif de Liberté Chérie, s’est adressé aux trente participants au dîner-débat organisé par le Cercle Libéral de la Gironde. (le texte intégral de l’intervention, prononcée initialement aux Assises Libérales de Nantes en septembre dernier, est accessible par le lien suivant Oui, le libéralisme est social )

En ouverture des débats, Pascal Bérillon, délégué départemental, a souligné l’actualité du sujet par rapport aux crises dont souffre notre pays. Et si une véritable politique libérale était appliquée, aurions-nous les mêmes problèmes ? Crise du logement et des banlieues, conflits sociaux et grèves abusives, pression fiscale et croissance économique en panne, perte des valeurs et du sens de l’effort, etc.

Or, les fondements de notre société sont d’inspiration libérale. Jacques de Guénin rappelle que la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen est libérale afin de protéger les individus contre l’Etat. Il en est de même pour de nombreuses avancées sociales dont la légalisation des syndicats et le droit de grève, les conventions collectives, les mutuelles, les caisse d’épargne ou l’instruction primaire obligatoire préalable à la réussite par le mérite. Malheureusement, ces dispositifs ont été dévoyés par les socialistes et le colbertisme encore bien ancré dans les gènes des Français.
Prenons deux notions clés : la solidarité et l’égalité.

La solidarité n’est pas la collectivisation des besoins

La solidarité s’est traduite par le développement de l’assistanat et par un financement collectif à la charge des contribuables alors que des mécanismes libéraux fondés sur la générosité des individus et des structures associatives seraient plus efficients.

Voici, par exemple, ce qu’il conviendrait de faire par les quartiers par une logique décentralisatrice. Comme le démontre le Docteur Bruno Canovas, adjoint au maire de Bordeaux, le quartier nord de Bordeaux, pourtant historiquement sensible, n’a pas subi la crise des banlieues grâce à l’action sociale conduite par la municipalité et au tissu associatif. Des emplois y ont même été créés. Les quartiers doivent être au cœur des solidarités.
Pour les libéraux, il faut libérer les énergies et appliquer le principe de substitution aux entreprises de service public (la SNCM). L’état doit se recentrer sur ses fonctions régaliennes. Illustration de cette tendance, la plupart des pays de l’Europe de l’Est qui ont rejoint la Communauté Européenne deviennent libéraux. Au lieu de cela, nous baignons dans un environnement social libéral « mi-mi ».

Aussi, Philippe Vigué, correspondant local des Cercles thématiques, complète les propos de Jacques de Guénin par une réflexion relative à l’intervention publique.

En effet, véritable révolution du XXème siècle, l’État social, n’a paradoxalement pas sa théorie. Cette absence de théorie est patente si on se réfère à l’économie publique dominante. Les Libéraux, les Sociaux libéraux s’accordent sur l’essentiel : la baisse du coût du travail est susceptible de réduire le chômage. Mais là où les libéraux préconisent la suppression (ou la réduction) du Smic et des allocations chômage, les sociaux libéraux préconisent, pour leur part, l’intervention de l’État. L’étatt doit réaliser le « programme du marché », en l’occurrence réduire le coût du travail. D’où les mesures d’"aides publiques à l’emploi" ou d’"impôt négatif" (pour inciter les chômeurs à accepter des "petits boulots".

Comment penser l’État social ? Retenons trois logiques :
- Une logique institutionnelle qui repose sur l’idée simple - selon laquelle l’intérêt général ne peut se réduire au jeu des intérêts particuliers. Est-ce acceptable pour le Libéralisme ?
- Une logique de socialisation de la production de richesse et des revenus. Le financement de la protection sociale par la cotisation signifie qu’à la fin de chaque mois, une fraction de la richesse produite par le travail est "prélevée", c’est-à-dire, socialisée, pour être (sans passage par la capitalisation) reversée sous formes de prestations sociales ; Est-ce libéralement acceptable ?
- Une logique de mieux-être social qui signifie que la vocation de l’État social n’est pas seulement de garantir un filet de protection minimale pour les plus démunis –garantir à tous, que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Les prestations sociales, n’offrent pas qu’un minimum social mais un certain niveau de vie. Est-ce une doctrine libérale ?

Pour les libéraux, il importe de renforcer le primat de l’individu sur le collectif en se fondant sur les principes moraux de notre civilisation et sur le respect d’autrui.

L’égalité n’est pas l’égalitarisme

Plusieurs constats sont mis en exergue lors de la soirée.

L’ascenseur social a été bloqué par les socialistes. L’éducation nationale renforce le nivellement par le bas au lieu de prôner le mérite et la réussite afin de sélectionner les élites.

Au concept de discrimination positive énoncé par Nicolas Sarkozy, Jacques de Guénin préfère utiliser l’expression américaine de « affirmative action ». C’est à dire : donner sa chance à chacun, sans quotas de toutes natures, sans barrages pour les personnes de couleur.

Sur un plan économique, le groupe relève que les pôles de compétitivité lancés par le gouvernement ne sont pas d’inspiration libérale. Si l’activité est rentable, le pôle de compétitivité émerge naturellement. Il ne s’agit donc pas de décréter la création d’un pôle Aéronautique Espace en Aquitaine sans se donner les moyens d’impulser les synergies entre l’Education nationale et l’Industrie.

Le libéralisme ne doit pas rester au niveau des seuls cercles de réflexion

Le courant libéral est en panne comme si le référendum du 29 mai avait fait taire ses leaders. Faut-il avoir peur d’employer le mot libéral et changer d’étiquette ? Non, nos partenaires étrangers ne comprendraient pas. Bien au contraire, il faut réhabiliter le libéralisme.

Nous avons besoin d’un leader. Alain Madelin, réveillez-vous et vite ! Les libéraux ont besoin de vous entendre. Les Libéraux ont besoin de repères.

Nous avons besoin de créer une nouvelle dynamique libérale :
- Sur un plan politique par l’émergence d’élus et de candidats libéraux aux postes clés de l’Etat et des collectivités locales. Que font les Réformateurs sur le terrain ? Observons que 34 % des nouveaux adhérents de l’UMP se disent libéraux. Alain Madelin et Hervé Novelli doivent se faire entendre. Une fenêtre de tir est ouverte.
- Sur un plan associatif par le développement des Cercles Libéraux mais aussi d’autres associations. Le succès de la soirée et la teneur des débats illustrent le rôle nécessaire des libéraux dans la pensée économique, politique et sociale.
- Sur un plan actif par des actions visibles à l’instar de celles menées, notamment, par Liberté Chérie à Marseille contre la grève de la RTM.

Pascal Bérillon

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